lundi 26 décembre 2011

Pédagogie


Historique de la monnaie

Origine
L’invention de la monnaie, voici 2600 ans, facilite le développement du commerce. Désormais, il est plus aisé de conserver ou de déplacer de la monnaie  que des animaux vivants ou d’importantes quantités de denrées troquées périssables, dommageables ou péniblement transportables.

Matériau et forme
La monnaie se façonne avec un morceau de métal généralement précieux dont le poids, la pureté et la valeur sont garantis par l’estampille de son émetteur. Les premières monnaies, à peu près ovales et plates, apparaissent en Asie Mineure (Turquie actuelle) en Ionie, puis en Lydie au VIIe siècle av. J.-C.

Lydie, statère d'or, VIe s. av. J.-C.


Apparence
La monnaie constitue le support privilégié de la propagande étatique et religieuse. Elle circule dans toutes les mains, avantage certain à des époques où l’imprimerie, la photographie, les journaux, la radio, la télévision et Internet n’existaient pas... Sur ses faces apparaissent des messages du pouvoir en place. Dans nos régions, le système monétaire apparaît timidement dès le IIIe siècle avant J.-C.

Monnaies frappées au marteau
Pour frapper des monnaies, il convient de posséder le métal nécessaire pour fabriquer les rondelles, qui se nomment des flans.


Un exemple de production de perles par coulée de bronze en «chapelet» dans un moule, suivi de la séparation et de l’aplatissement progressif des perles au marteau, suivant la méthode d’un atelier de faussaire romain mis au jour à Augst, Bâle.



Outillage de frappe et productions expérimentales.

Matériel
L’outillage de frappe se compose de deux matrices en fer, gravées en creux, fort difficiles à créer. Pour obtenir un relief illustré sur les deux faces en même temps, le monnayeur frappe un à un, chaque flan entre deux matrices sur un billot à l'aide d'un lourd marteau.

Monnaies coulées
À l’époque celte, des petites valeurs en bronze, nommées «potins», étaient fondues en série dans des moules, puis séparées par cassure.


Un exemple de production de potins séquano-helvètes après la coulée et la sortie du moule.

Esthétique
La beauté
La comparaison du beau entre les Celtes et les Romains révèle deux concepts de la beauté. La civilisation gauloise utilisait la symbolique, l’abstraction et la transmission orale de la mémoire. La culture romaine usait du concret, des représentations réalistes et de la mémoire écrite.

Gaule celte et empire romain.

Du monde antique, la culture romaine demeure celle qui nous est la plus proche et accessible.


Métamorphose celte des images grecques et romaines
Les représentations réalistes des modèles grecs ou romains évoluent au gré de leurs interprétations et de la progression dans les territoires celtes.

Du modèle grec de Marseille en passant par les imitations celtes de l’Italie du nord-ouest à la monnaie véragre de Martigny (700 Km). IIe-Ier s. av. J.-C.

Lors d'une expérience, des élèves (15-16 ans) ont produit avec la technique du dessin, en copiant «exactement» le dessin précédent, une métamorphose similaire:


Résumé de l’exercice: à gauche le modèle puis, les dessins n° 2, 9 et 16.


Style des monnaies celtes
Motifs
L'esthétique des reliefs des monnaies celtes se caractérise par l'exubérance des motifs représentés tendant vers des images fantastiques ou abstraites. Un large mystère demeure dans ces figurations car leurs code ou dogme ne nous sont pas parvenus.


Potin lingon, Ier siècle av. J.-C.



Statère parisi; bronze carnute; quinaire au rameau; potin rème. IIe-Ier s. av. J.-C.


L’art celte: un art antique très moderne
En héritage de la Renaissance, il fut longtemps très chic dans nos provinces de magnifier l’Art classique (1) et de négliger les productions celtes, voir de les juger d’Art barbare dégénéré ou d’Art populaire (2).
1. Petit Larousse 2005: qui est conforme au goût traditionnel; dont la valeur est reconnue universellement et qui sert de modèle [sic!].
2. Petit Larousse 2005: qui appartient au peuple; qui est jugé conforme aux goûts de la population la moins cultivée [sic!].


 

Drachme gauloise dite «à la tête cubiste». IIe-Ier s. av. J.-C.

Au XXe siècle, la critique d'art reconnut les arts abstraits et symboliques, qu'elle nommera: Art moderne. Aujourd’hui, de nombreuses représentations comme des logos paraissent hérités des images celtes.

Les quinaires gaulois à la légende Kaletedov
120-100 à 20-15 av. J.-C.



Quinaires gaulois Kaletedov.

Valeur et représentations
Le denier romain valait 10 as et le quinaire d’argent la moitié, soit 5 as, d’où son nom.
Le quinaire gaulois copie les sujets du modèle romain tout en les interprétant. Sur la face, la tête de la personnification déifiée de Rome avec un collier, coiffée du casque ailé; au dos, la Victoire sur un char tiré par deux chevaux s’est vu fort simplifiée et résumée à un seul cheval. La mention grecque KALETEDOV, plus ou moins lisible, reprend la légende d’une monnaie de la République romaine émise par Publius Cornelius Sulla en 151 av. J.-C.

Localisation



Le quinaire de Kaletedov, le plus répandu dans le Centre Est de la Gaule, servait à plusieurs tribus dont les Helvètes.

Y avait-il des enfants
sur les monnaies antiques ?

Oui, parfois des enfants légendaires ou réels figurent sur des monnaies. Ce qui ne manque pas de laisser songeur notre jeune public: «Si, j’étais né à cette époque; c’est sûr que je serais empereur/impératrice!».



Geta à 10 ans; Plautille à 12 ans; la louve allaitant les jumeaux Remus et Romulus fondateurs légendaires de Rome et Héraclius avec son fils âgé de 3 à 6 ans.

L’image se devait de ressembler à l’individu, ainsi plusieurs portraits sont établis selon qu’il grandit, que sa barbe pousse, qu’il vieillit ou grossit.



Caracalla (né à Lyon en 188; mort en 217), enfant, adolescent, puis adulte.




Représentations de plantes


Le 11 juillet 2009, dans le cadre de Lausanne-Jardin une fête romaine s'est déroulée à Vidy dans les ruines de la Promenade Archéologique de Lousonna. Ce fut l'occasion de mettre en avant le lien entre monnaie et les plantes. En effet outre le moyen de paiement la monnaie présente souvent des plantes sur ses faces. En voici quelques exemples illustrés.




































Neuf, c’était comment ?

Tout vestige archéologique métallique, retrouvé recouvert de gris vert, de noir ou de brun, était à l’époque de son utilisation brillant et coloré comme de l’or, de l’argent, du cuivre ou du fer.



Vieux-Neuf, potin séquano-helvète.




Neuf - vieux. Confédération helvétique, pièces de 5 centimes, produites depuis 1850, dans divers états de conservation.

Les objets issus de fouilles ne sont généralement plus comme lorsque nos ancêtres les utilisaient. Le contraste d’objets actuels, patinés par un séjour dans la terre, marque les esprits car ils ne sont pas comme nous avons l’habitude de les voir. Pour les enfants cette démonstration est plus révélatrice que la vue d’un objet antique patiné ou ruiné, qui se présente dans son aspect normal pour nous.



Fausse monnaie




Détail d'un assignat (billet de banque) français de 1792.



Contrefaçon

L’invention de la monnaie, de production contrôlée et garantie, devait anéantir les tricheurs... Vingt-six siècles plus tard, la solution infalsifiable n’a toujours pas été trouvée!

Les monnaies dotées d’une masse métallique de faible valeur et recouvertes d’une fine pellicule d’or ou d’argent, dites pièces fourrées, constituent les plus habiles imitations.

Certains faux sont si bien réalisés qu’il était nécessaire, pour les produire, d’avoir un outillage gravé très élaboré ou de posséder les matrices officielles, soit par vol ou «emprunt» au sein de l’atelier de frappe.

Une nouvelle hypothèse paraît de plus en plus vraisemblable: les faux «parfaits» auraient été produits dans les ateliers officiels!

C’est que, pour payer une rançon, des achats avec des étrangers ou pour détourner du métal précieux, ... on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même!


Monnaies antiques fourrées. Denier de la République romaine 141 av. J.-C.; denier de Vespasien, 69-79 ap. J.-C. et, suivant un principe proche, la monnaie en chocolat.



Bourse, tirelire, trésor.
Us et coutumes




La bourse était en usage depuis la plus haute antiquité, bien avant la monnaie. Logiquement elle sert de porte-monnaie et figure souvent dans la main de Mercure, le dieu romain du commerce.


























La tirelire permet d’économiser et d’apprendre à patienter. Les exemplaires retrouvés à Avenches témoignent que ce b.a.-ba de l’épargne était déjà pratiqué chez nous à l’époque romaine, sur le sol du futur pays des banques.

















De nombreux trésors antiques ont été retrouvés. Des personnes ont enfoui des sous, pour les mettre à l’abri du vol ou d’un danger et n’ont pas toujours pu les récupérer. Le malheur des uns fait le bonheur des découvreurs.












En période de manque de petite monnaie, pour en obtenir, l’on coupait simplement, en deux, trois ou  quatre, des monnaies de plus grande valeur.










La croyance de «L’obole à Charon» consiste à munir le défunt d’une ou de plusieurs monnaies, pour qu’il puisse "payer" le passeur des âmes, chargé de le faire traverser sur sa barque le fleuve souterrain Achéron. Il ne s'agit pas d'une taxe, d'un péage, mais bien d'une croyance, d'une superstition, loin d'être générale. Peut-être une assurance de plus. Un geste d'amour ou de désespoir ? Ou, serait-ce une tentative de corruption ? Qu'en penser, puisque ces monnaies sont encore dans les tombes ?  









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